En Sibérie, la fonte du permafrost crée une énorme faille dans la croûte terrestre

Le terme de « Porte des enfers » ne vous dit sans doute rien, il s’agit pourtant d’une des formations géologique les plus surprenantes du monde. Explications autour d’un phénomène encore très peu connu.

Crédit : ecoosfera

La Sibérie est une région caractérisée par les paysages enneigés et les températures glaciales. En fait, une grande partie de sa surface est recouverte de ce que les géologues appellent le permafrost. Il s’agit de la couche de glace permanente dans laquelle le passé a été figé il y a des millions d’années. Au fil des ans, avec l’accélération du réchauffement climatique, une partie de ce dernier a fondu, exposant des zones jusqu’alors inconnues, comme celle que l’on vous fait découvrir aujourd’hui : la « Porte des enfers ».

Repéré pour la première fois en 1990 par des randonneurs explorant la région isolée de Yakutsk, à l’est de la Russie, le cratère de Batagaika était alors une structure géologique pratiquement inconnue d’où émanait une série de bruits étranges, ce qui explique son surnom. Depuis, seule une poignée de trous similaires ont été trouvés sur Terre, et presque tous sont localisés en Sibérie. À noter que le qualificatif de « cratère » est abusif puisque la structure ne s’est pas formée à la suite d’un impact ou d’un effondrement souterrain. En réalité, il s’agit d’une dépression de type thermokarst s’agrandissant par l’érosion.

Pour les scientifiques, ces cratères sont des fenêtres sur le passé millénaire de la Terre qui permettent d’étudier les entrailles de la planète. De par leurs tailles très imposantes, ils sont souvent impressionnants à observer, et encore plus lorsqu’on sait qu’ils continuent à s’étendre en laissant apparaître de larges fissures dans le sol. Actuellement, le cratère de Batagaika mesure un kilomètre de largeur et environ une centaine de mètres de profondeur. Et cela ne va pas s’arrêter là puisqu’une étude réalisée en 2016 par des chercheurs allemands de l’Institut Alfred Wegener a révélé que le cratère s’est agrandi à un rythme de 10 mètres par an au cours de la dernière décennie. Ce chiffre passe même à 30 mètres par an pendant les périodes les plus chaudes, en raison de la fonte du permafrost.

Crédit : Google

Crédit : National Geographic

Un cratère qui attise la curiosité des archéologues

Le permafrost est connu pour conserver dans ses couches les plus profondes des traces de la vie d’autrefois. On peut ainsi le considérer comme une sorte de réfrigérateur permanent qui, grâce au froid, parvient à préserver tout ce qui se trouve dans la glace. C’est pourquoi les scientifiques estiment que la Porte des enfers est une fenêtre très intéressante sur les 200 000 dernières années de vie sur Terre et dans la région.

Et pour cause, nous savons maintenant que des bisons, des mammouths, des chevaux, des élans et des rennes le traversaient il y a 4 400 ans, à une époque où il faisait plus chaud qu’aujourd’hui. Les chercheurs apprennent beaucoup des différentes couches de sédiments qui s’y sont déposées au fil du temps, que ce soit à propos de l’histoire climatique ou des espèces qui vivaient à l’époque. En 2019, par exemple, un chien-loup vieux de 18 000 ans a été retrouvé parfaitement conservé. Idem en 2020 avec un rhinocéros laineux daté d’au moins 20 000 ans.

Crédit : Julian Murton

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Crédit : Google

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Crédit : Julian Murton

Incroyable, n’est-ce pas ?

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